MITRAILLAGE EN GARE

DE CHAMPIGNY

14 Juillet 1944

Remerciements à Mrs. Robert Pruneau et Jean Claude Brunel

14/07/44 PV de Gendarmerie du 23/07 :
Le14 juillet 1944 de 15h45 à 16h, la gare de Champigny et ses abords ont subi un mitraillage et un bombardement par une vingtaine d'avions au moment où le train 4104 circulant sur la voie 2 rapide abordait la gare à la hauteur d'une rame allemande garée sur la voie 3 de garage. Le mécanicien du train 4104 ayant été tué et la machine avariée, le train s'est arrêté au km 94,150.
Cette attaque a causé de nombreuses victimes, l'incendie d'une partie du train 4104 et de la rame allemande provoquant l'explosion de nombreux wagons de munitions. Immédiatement, tous les postes de secours de la région comprise de Montereau à Sens ont été alertés et les médecins des environs, arrivés promptement sur les lieux ainsi que les services sanitaires allemands stationnés à Villeneuve la Guyard ont organisé un poste de secours, donné des soins et procédé à l'évacuation des blessé et cadavres sur les hôpitaux de Montereau et Sens.
D'autre part, le Conseil municipal de Champigny a organisé un centre d'hébergement et d'accueil ouvert aux sinistrés.
Nous trouvant à notre brigade, nous avons remarqué la présence de 19 avions de bombardement évoluant au dessus de Villeneuve la Guyard puis se dirigeant vers l'est de la circonscription et se livrant à une attaque.
Nous nous sommes immédiatement rendus sur les lieux et sommes arrivés au moment de la cessation de l'attaque. Nous avons constaté qu'un train se trouvant déjà en gare venait d'être bombardé et mitraillé. De nombreux cadavres et blessés se trouvaient épars sur le ballast.
La locomotive, les flancs transpercés, perdait de l'eau et de la vapeur.
Le chauffeur, frappé d'une balle en plein front, gisait sur le plancher de la machine. De nombreux wagons explosaient violemment et menaçaient d'exterminer les blessés graves restés dans les voitures de voyageurs ou se trouvant sur le ballast et ses abords.
Ayant acquis la certitude que des secours médicaux avaient été demandés, nous nous sommes livrés à une rapide reconnaissance des lieux.
Les agents du train 4104 étaient fortement commotionnés et se trouvaient dans l'impossibilité.
de réagir. Le personnel de la gare s'occupait à son propre service.
Les blessés légers s'étaient évacués eux-mêmes sur le pays et les premières personnes accourues commençaient à retirer les grands blessés et à les transporter vers la gare sur des portes non vitrées faute de brancards;
Nous avons confié les opérations de sauvetage au gendarme Gillet, opération rendue périlleuse par l'explosion des wagons séparés seulement des voitures de voyageurs par quelques wagons non encore atteints par le feu.
Puis nous sommes revenus à la gare où déjà s’amoncelaient blessés et cadavres.
Les Docteurs Coulombex et Camus de Villeneuve et Robert de Pont sur Yonne, étaient submergés par les demandes de soins. Nous les avons aidés en coupant les vêtements des blessés afin de dégager plaies et blessures. Toutes les plaies béantes provoquées par des projectiles de 20 et 13 mm éclatant dans les chairs se trouvaient en général au ventre et aux bras.
La formation sanitaire allemande stationnée à Villeneuve la Guyard étant arrivée sur les lieux, les médecins français se sont aussitôt rendus dans le pays où se trouvaient hébergés d'autres blessés, les salles d'attente de la gare ne suffisant plus.
Nous nous sommes alors livrés à l'identification des cadavres aidés par Melle Stourbe, Vice Présidente de la Croix Rouge de Pont sur Yonne tandis que se poursuivait l'évacuation des blessés et des morts vers Montereau et Sens par voitures automobiles et par le train.
La découverte des victimes se terminant, le danger causé par les explosions s'atténuant et le public encombrant les lieux, nous avons alors, craignant le pillage et le vol, demandé par le téléphone privé de la SNCF à la gare de Pont sur Yonne l'envoi du maximum du personnel de la brigade de cette localité.
Des personnes connues ou non se dirigeant vers la sortie de la gare avec des bagages à la main, nous leur avons donné l'ordre de déposer ces bagages dans le local du service électrique de la gare en vue de les regrouper pour réprimer le vol.
Notre commandant de section étant arrivé s'est occupé avec son personnel de faire évacuer la route nationale 5 encombrée de voyageurs sinistrés non blessés et leurs bagages gênant la circulation. Ils surveillèrent également l'évacuation de ces personnes par des camions de passage.
L'autre partie du personnel, aidée par des équipes de secouristes de Sens et des personnes de Champigny et de Villeneuve la Guyard entreprit de récupérer les bagages restés dans les voitures de voyageurs pour les mettre en lieu sûr.
Vers 22 h, les lieux étant redevenus calmes, nous avons alors effectué une patrouille dans le pays…
Nous notons que dés la fin de l'alerte, M. Cornu, Maire, aidé de personnes dévouées de la localité avait réussi à collecter chez les habitants des vivres, à faire apprêter pour les sinistrés un repas totalisant 190 couverts et à réaliser un hébergement convenable de ces personnes.
Nous notons encore que sur les lieux se sont présentés des chirurgiens de Montereau et des Frères Missionnaires de la Brosse Montceau. Tous, vu la quantité de blessés dirigés sur Montereau sont immédiatement rentrés à l'hôpital de cette localité.
Nous mentionnons particulièrement les Frères missionnaires qui ont donné une grande quantité de sang au cours des nombreuses interventions chirurgicales effectuées à Montereau.
A 22 h 30, nous avons réintégré notre résidence.

TEMOIGNAGES :
M. Hamard Lucien 27 ans, garde des communications à Villeneuve la Guyard :
« Le 14 juillet après midi, je me rendais à Pont sur Yonne. J'avais trouvé place sur un camion de passage et le véhicule sur lequel je me trouvais s'est trouvé stoppé à Champigny par l'attaque d'un train juste face au pont enjambant la voie ferrée. J'ai donc assisté à l'attaque distante de moi d'une vingtaine de mètres. J'ai été projeté hors du véhicule par l'éclatement d'une bombe tombée entre le train et moi.
Il y avait 18 ou 19 avions parmi lesquels 4 portaient une Croix de Lorraine. Les autres portaient l'étoile américaine
J'ai nettement vu les voyageurs se sauver à travers champs à la première attaque.
Il y en a qui ont été foudroyés à ce moment.
Puis, les avions s'étant éloignés, les voyageurs croyant le danger passé sont retournés aux wagons pour y prendre leurs bagages. C'est à ce moment que les avions revenant ont mitraillé à nouveau, fauchant les imprudents voyageurs..
Le feu s'étant propagé d'un bout à l'autre du convoi, des wagons d'explosifs et de munitions sautant les uns après les autres, la formation aérienne a cessé le combat.
L'alerte passée, je me suis précipité avec d'autres personnes présentes ou accourues au secours des nombreux blessés dont beaucoup avaient déjà succombé. »

Hattier, Chef de gare : Il précise 33 wagons de marchandises et 4 de voyageurs inutilisables. Rails et traverses à changer sur 400m environ.

M. Cornu, Maire : Il insiste sur le fait qu'il y a eu surtout mitraillage car n'ont été relevés qu'une dizaine d'impacts de bombes. Se félicite de l'organisation des secours en précisant: Le soir, grâce à de précieux collaborateurs parmi lesquels Melle Petithuguenin qui a organisé le repas du soir de 190 couverts et M. Lucien Martin qui a cuisiné les repas, tous les sinistrés ont pu être ravitaillés.

Mademoiselle Stourbe, dentiste à Pont sur Yonne : Les secours aux victimes ont été assurés par de nombreuses personnes de Pont, Champigny et Villeneuve et leur évacuation par les véhicules de MM. M... de Sens, Loirat de Pont, Massicard et Dubois de Champigny.

Des notes des hôpitaux de Sens et Montereau indiquent :
Montereau : 25 morts et 38 blessés.
Sens : pas de morts mais 21 blessés hommes et 9 femmes - dont 3 décédés entre le 14 et le 23 Juillet 1944.
La Mairie de Champigny possède un état des victimes qui doit correspondre à la réalité, état qui existe également aux Archives départementales. Cet état permet d’évaluer entre 36 et 40 le nombre de tués ce jour-là.

Quelques commentaires de Monsieur Roger PRUNEAU :
Robert Venet et moi sommes d'accord pour préciser que les avions ayant participé à cette attaque étaient des Canadiens, Robert parce qu'étant dans son jardin, Place de l'Eglise, il voyait les avions passer au dessus de lui pour reprendre leur position d'attaque. Il a très bien remarqué les barres en travers de ailes qui étaient le signe des Canadiens. Et moi, parce qu'étant au "Gros peuplier" à la pêche avec le boulanger Jacquelin, nous y avions rendez-vous avec le frère de ce dernier Marcel Jacquelin qui était le responsable de l'OCM pour l'Yonne (Et qui sera arrêté à Auxerre quelques jours plus tard sur dénonciation et fusillé le 20 août). C'est lui qui fit cette remarque: "Ce sont des Canadiens. Il n'est pas trop tôt, depuis le temps qu’on les demande !
Par contre, personne n'a eu la moindre idée des pertes allemandes, ce jour là. (Comme c’était toujours le cas).
Colson, dans son livre "le Réseau Jean-Marie au combat" avance à ce sujet des suppositions mais on n'écrit pas l'histoire avec des suppositions. Lui, qui n'était pas là, parle d'avions à deux queues ce qui n'était pas le cas ce jour là; et il leur fait raser les toits du monastère de la Brosse Montceau ce qui m'étonne également car, quand on les a vus se pointer au dessus de Vinneuf ils étaient à une altitude d'au moins 1000m - en tous cas, relativement haut - J'en veux pour preuve que nous ne pensions pas que le train de tanks était leur objectif.

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Les deux trains après le drame

 

 

 

Voici ci-dessous des munitions éjectées lors de l'explosion du train de munitions et trouvées aux abords de la gare de Champigny

 

ATTENTION DANGER DE MORT

Ces vieilles munitions sont encore actives et

très dangereuses

Si vous trouvez ce genre de munitions

N'y touchez surtout pas, balisez l'endroit

et prévenez aussitôt les autorités compétentes

Gendarmerie ou Mairie

 

 

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Pas de rapport avec Champigny,

mais intéressant pour les ferroviphiles et ceux intéressés par l'électricité et l'électronique

 

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